L’ESS, qui regroupe des associations, des coopératives, des mutuelles et des fondations, est de plus en plus attractive pour les diplômés d'écoles de commerce et de management. L’intérêt pour ce secteur autrefois décrié va croissant, même si la part d’étudiants souhaitant effectuer une carrière dans l’ESS reste encore assez marginale.
Pourquoi l’ESS attire-t-elle les étudiants et les cadres ?
L’Economie Sociale et Solidaire représente 10% de l’emploi salarié en France. Le milieu des grandes écoles, en particulier celles de management, s’active pour former ses étudiants à l’entrepreneuriat social et à l’économie solidaire.
Cette tendance s’est renforcée depuis la crise financière et économique. De plus en plus d’étudiants se sentent concernés par les problématiques de développement durable (au sens économique du terme). Il ne s’agit plus de doux rêveurs mais de jeunes formés en management qui s’engagent pour l’avenir de la planète et des relations sociales et qui se retrouvent dans les valeurs portées par l’ESS.
Les Scop sont le secteur de l’ESS qui séduit le plus les diplômés d’écoles de management. En effet, ce sont de « vraies » entreprises, avec des problématiques propres de gestion et de développement, dont le modèle coopératif qui place l’humain au cœur du projet attire tout particulièrement.
Habitués aux grandes entreprises (54% des jeunes diplômés d’une école de management travaillaient en 2012 dans une entreprise de plus de 2000 salariés), les étudiants cherchent dorénavant à retrouver des entreprises à taille humaine.
Quelles sont les écoles qui offrent des parcours ESS ?
L’ESSEC est la première école française de management à avoir créé une formation dédiée à l’entrepreneuriat social. Avec sa Chaire de l’Entrepreneuriat Social, créée en 2002, et son Institut de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Social (IIES), lancé en 2009, l’école souhaite jeter des ponts entre le secteur privé et le secteur à but non lucratif. L’objectif est de « former des entrepreneurs et des managers capables d’offrir des solutions innovantes à des problèmes de société. »
L’ESSEC, qui a formé près de 300 de ces étudiants à cette spécialité à raison d’une vingtaine par an, est très tôt partie du constat que le secteur des associations, des ONG ou des fondations aurait besoin de cadres managériaux expérimentés pour se développer. Depuis, elle a aussi développé un incubateur social, Antropia, pour aider de nouveaux modèles économiques à émerger.
L’ESSEC a été suivie dans la voie du « social business » par sa concurrente HEC, dont la chaire créée en 2008 a pour mission de « contribuer à une économie plus inclusive, créatrice de valeur économique et sociétale. » Par ailleurs, l’Observatoire du management alternatif a vu le jour sur le campus de Jouy-en-Josas et « accueille étudiants, chercheurs et professionnels de la sphère économique qui pensent qu’il est possible de faire autrement. »
A Grenoble, GEM commence aussi à s’intéresser à l’ESS et met en place cette année un module pour « permettre aux étudiants de mieux comprendre un environnement en profonde mutation et acquérir une meilleur compréhension des modèles économiques et des spécificités de l’ESS ». D’autres écoles de commerce en France font le même constat.
En quête de sens
Pourquoi un étudiant qui pourrait se rêver à la tête d’une entreprise du CAC 40 laisserait ses préjugés de côté pour faire carrière dans l’ESS ou une Scop ? Désolé pour le cliché, mais les grandes écoles de management ne fabriquent pas que des managers assoiffés d’argent ou de puissance. Même si les diplômés de l’ESSEC travaillant dans l’ESS ne sont actuellement qu’1% (sur 42 000), le secteur attire irrémédiablement.
L’entrepreneuriat social et l’économie solidaire séduisent par l’humanité et la coopération possible. Certains envisagent un avenir où le but premier n’est pas de faire de l’argent mais de mettre leurs compétences au service d’objectifs sociétaux ou environnementaux, ou d’œuvrer pour un collectif. Ces étudiants recherchent dans le travail le sens et les valeurs qu’ils peuvent aussi trouver dans l’humanitaire et le bénévolat.
Ainsi la nouvelle génération de diplômés d’école de management est aussi composée de personnes profondément touchées par les excès du capitalisme financier, qui souhaitent combiner intérêt général… et réussite individuelle. Ils sortent d’une école de management tout de même !
Témoignage d’Isciane Gaudin-Bertoni, étudiante à l’ESSEC et en stage découverte chez Alma
A la fin de ma première année de master, j’ai du me poser la question de la spécialisation. J’avais déjà fait des stages en grande distribution/grande consommation mais je sentais qu’il me manquait quelque chose, que ce que je faisais manquait de sens. Je me suis donc naturellement intéressée à l’ESS.
Mais avant de me lancer dans un parcours spécialisant à l’ESSEC – un mélange de théorie et de pratique grâce à des partenariats avec des entreprises de l’ESS et dans le but de travailler dans la consommation durable et responsable – j’ai voulu expérimenter la vie dans une structure de l’ESS et plus particulièrement dans une Scop. Alma étant souvent citée comme une Scop qui a réussi, l’URScop Rhône-Alpes m’a conseillé de prendre contact pour une semaine de découverte de la vie en entreprise, de son modèle économique et de sa gouvernance.
L’accueil chez Alma a été au delà de mes attentes, tout le monde se rendant disponible pour répondre à mes interrogations concernant son travail et sa vie dans une Scop. Au-delà de l’aspect Scop ou du secteur économique de l’entreprise, j’ai surtout vu que l’humain et la responsabilité vis-à-vis des autres guident cette entreprise et font d’Alma un lieu où il fait bon travailler. De quoi me conforter dans mon projet de travailler pour une entreprise de l’ESS.
3 réponses
Très bel article bonne continuation.
très bel article bonne continuation.
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