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Le blog d’une Scop d’informatique qui trace sa route entre réussite économique et valeurs coopératives.

CoopVenture : une histoire d’audace et d’opiniâtreté

Par Laurence Ruffin, PDG d'Alma et présidente du fonds d'investissement CoopVenture
Unique en France et véritable innovation financière et sociale, le fonds d’investissement CoopVenture, porté par un partenariat original entre French Tech in the Alps, le Mouvement Scop et Alma, vise à aider les entreprises du numérique à se développer durablement, localement… et autrement !

Il y a quelques années, Daniel Pilaud (alors président de French Tech in the Alps Grenoble) et moi bavardions autour d’un café et partagions un constat regrettable : les startups n’arrivent à se financer que par du capital-risque, ce qui rend leur revente pratiquement incontournable, alors que nombreux sont ceux qui rêveraient d’entreprendre dans le numérique autrement. Nous avons alors esquissé quelques pistes pour répondre à ce manque, les prémices d’un pari un peu fou : proposer une alternative aux fonds d’investissement classiques.

Depuis, ce projet porteur de sens a catalysé énormément d’énergie et d’envie, avec des retours positifs tant d’entrepreneurs, d’acteurs économiques locaux que de financeurs. Ce fut le début d’un partenariat inédit entre la French Tech et le Mouvement Scop et de nombreuses personnes y ont mis de leur temps et de leur talent (un merci particulier à Thierry Perrin et Eric Dumas, respectivement directeur financier de la Confédération générale des Scop et associé de French Tech in the Alps).

Il en aura fallu du temps et de l’énergie pour tester l’attractivité du projet auprès de créateurs, imaginer un modèle économique viable pour un fonds qui ne revendrait pas ses licornes, mobiliser des associés, et surtout convaincre qu’on peut faire autrement… Mais ça y est ! Nous sommes heureux et fiers d’avoir lancé officiellement CoopVenture ce mardi 2 mars.

Un partenariat pionnier pour une filière numérique française pérenne

Le modèle actuel des fonds d’investissement rend la revente d’une entreprise presque obligatoire à moyen terme. Pourtant, la plupart des entrepreneurs du numérique ne souhaitent pas avoir à revendre leur entreprise, ni en perdre le contrôle. Mais il n’existe pas à ce jour d’alternative dans notre économie. Le mouvement coopératif ne dispose pas non plus d’outils pour financer ce type de projets et couvrir les taux d’échec élevés. C’est pour répondre à ce besoin existant que le fonds CoopVenture a été créé.

CoopVenture est cofondé par un partenariat original et très complémentaire entre le Mouvement Scop, French Tech in the Alps Grenoble et la Scop Alma. Doté à ce jour de 4,425 millions d’euros, le fonds est financé par plusieurs associés investisseurs : la CG Scop (via sa holding financière Socoden), le Crédit Coopératif, les Scop Alma, Groupe Up et IDEA Groupe, ainsi que deux collectivités territoriales, Grenoble Alpes-Métropole et la Communauté de communes du Grésivaudan.

Pour des entreprises numériques participatives et créatrices d’emplois locaux

Ainsi sont bien sûr éligibles à CoopVenture les coopératives (Scop ou Scic), mais pas seulement : toute entreprise dite « éthique » qui partage et applique au quotidien les valeurs coopératives (gouvernance assurée par les salariés , volonté de développer l’emploi sur le territoire, etc.) l’est aussi. Le fonds s’assurera du respect de ces principes en les inscrivant dans le pacte d’associés.

Et si être une « entreprise à impact » (concept au demeurant peu formel) n’est pas un critère d’éligibilité, je prends peu de risque en écrivant que CoopVenture devrait aussi attirer les entrepreneurs du numérique soucieux de relever les défis sociaux et écologiques de manière responsable.

En restant attachées au territoire qui les aura vu naître et se développer, les entreprises financées par Coopventure maintiendront localement la valeur créée et le potentiel d’emploi qui l’accompagne.

Un fonds patient, evergreen et solidaire…

Nous faisons le pari qu’une alternative au capital risque est possible : financer en fonds propres les startups mais baser le modèle économique du fonds d’investissement sur le long terme.

Ainsi, CoopVenture intervient en fonds propres sur des montants de 150 K€ à 300 K€ par projet sur des durées longues. Après 3 à 5 ans de développement, les sociétés réalimenteront le fonds au rythme que permettra leur croissance : à hauteur de 2 à 4 fois les sommes qu’elles auront reçues sur une période de 7 à 10 ans. Les plus florissantes le feront plus vite, les autres pourront prendre plus de temps.

L’originalité tient à ce que la startup ne rachètera pas ses propres actions, ce qui pénaliserait le bilan ou la capacité d’investissement de l’entreprise, mais des actions du fonds d’investissement qui l’a financée. La startup deviendra alors actionnaire de son propre fonds et contribuera ainsi à le pérenniser.

… Couplé à un accélérateur

Financer les entreprises innovantes du numérique n’est pas suffisant. L’accompagnement augmente très fortement le taux de succès des jeunes pousses. Pour maximiser leurs chances de réussite, CoopVenture proposera donc à l’entreprise et aux responsables opérationnels un accompagnement avant et après l’intervention en investissement : formations spécifiques sur l’entrepreneuriat numérique, accompagnement stratégique et économique, etc.

Une phase pilote en Auvergne-Rhône-Alpes avant un déploiement national

Nous lançons une phase pilote de CoopVenture en Auvergne-Rhône-Alpes, un des berceaux de l’industrie du numérique. Notre objectif est d’accompagner une quinzaine de sociétés sur 3 ans, de tester le modèle et de le faire évoluer si nécessaire. Et d’ici à 2022, nous souhaitons renforcer le fonds à 16 millions d’euros et couvrir l’ensemble du territoire français.

Et Alma dans tout ça ?

Alma accompagne depuis longtemps des projets coopératifs à travers un soutien financier, du mécénat de compétences ou d’autres formes d’accompagnement. L’environnement multi-activités d’Alma, qui est un peu dans notre ADN, est propice à des réflexions de « réseau » ou de diversification. Par ailleurs, l’innovation dans la stratégie à moyen et long terme d’Alma est une de nos préoccupations centrales.  Enfin, au fil du temps Alma a constitué des réserves (les fameuses réserves impartageables qui contribuent à la pérennité des Scop…) et nous avons à cœur d’utiliser « utilement » notre trésorerie pour investir dans des projets qui font sens.

Alma est ainsi un des trois fondateurs du projet CoopVenture. C’est pour nous une manière de contribuer à la promotion de l’entrepreneuriat coopératif et numérique, tout en nous connectant à des projets innovants, source de dynamisme au sein d’Alma.

De multiples raisons pour souhaiter longue vie à CoopVenture !

> Visiter le site de CoopVenture

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3 réponses

  1. Bonjour,
    en pleine réflexion à la création d’entreprise, je tenais simplement à vous adresser ma sincère reconnaissance et félicitations.
    Au-delà du statut Scop qui en dit long sur les valeurs de la maison, j’ignorais le rôle d’Alma au sein de Coopventure, bravo.
    Bien cordialement,

    1. Bonjour, nous transmettons vos coordonnées au responsable opérationnel de CoopVenture qui prendra contact avec vous. Cordialement.

Les commentaires sont fermés.

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