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Le blog d’une Scop d’informatique qui trace sa route entre réussite économique et valeurs coopératives.

Elle tourne, mais comment ? Les indicateurs de performance

Comment mesurer la performance d’une entreprise ? A Alma, nous considérons depuis longtemps que ce n’est pas seulement en suivant la croissance de notre chiffre d’affaires ou de notre bénéfice. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls : selon une étude réalisée en 2020, 85% des salariés interrogés considèrent en effet les indicateurs économiques insuffisants pour évaluer la performance d’une entreprise. Or jusqu'à présent, lors de nos bilans annuels ou dans nos tableaux de bord, les indicateurs partagés étaient surtout économiques et financiers. Nous avons donc introduit lors de notre dernière Assemblée Générale de nouveaux indicateurs. Ils ont pour but de signifier que nous ne voulons pas seulement « tourner » mais aussi conjuguer succès économique et épanouissement des personnes, dans le cadre d’une riche vie coopérative et avec un impact positif sur notre territoire. Nous voulons aussi en faire des moteurs d’amélioration interne en suivant leur évolution d’année en année et en définissant des objectifs d’amélioration.    

Une traduction en chiffres qui n’est pas sans questions

Le projet débute il y a un an : comme pour de nombreux sujets transverses à Alma, nous créons une commission d’une dizaine d’Almatiens pour réfléchir à la question des indicateurs. Nous partons d’une feuille blanche, en nous questionnant sur ce qu’il serait vertueux de mesurer. Le premier brainstorming est très créatif ! Nous nous rendons rapidement compte que de nombreuses notions importantes pour nous sont difficiles à traduire en indicateurs : comment chiffrer la qualité de notre vie démocratique, la possibilité de proposer des initiatives, la résilience de nos activités ou le bien-être au travail ? Nous avons par ailleurs plus de facilité à créer des indicateurs qui s’appuient sur des données existantes, mais nous n’avons parfois pas de données existantes pour certaines de nos valeurs. Enfin, certains indicateurs ont une variabilité annuelle importante, par exemple le nombre de salariés ayant reçu une formation. Faut-il choisir une fenêtre de mesure de plusieurs années pour lisser cette variabilité ?

Quatre grandes catégories

A partir du brainstorming initial, nous définissons quatre grandes catégories :

  • Vie démocratique.
  • Bien-être au travail.
  • Répartition de la valeur créée et pérennité de l’entreprise.
  • Contribution citoyenne, sociale et environnementale.

Ces catégories représentent les axes principaux de notre vision d’entreprise et nous permettent de vérifier que nous n’oublions pas d’aspect important pour nous.

Quelques critères pour nos indicateurs

Ayant défini ces quatre catégories, il faut faire des choix parmi les indicateurs proposés et surtout définir des formules de calcul. Voici trois critères qui ont guidé nos choix pour cette première version.

Être calculable et lisible immédiatement

Nous proposons dans chaque catégorie des indicateurs calculables avec les données dont nous disposons aujourd’hui en prévoyant une phase d’enrichissement ultérieure. Celle-ci pourra notamment nous permettre d’introduire plus d’indicateurs qualitatifs (sur sondages), ce qui nous semble notamment pertinent pour rendre compte du bien-être au travail. Nous choisissons aussi dans la mesure du possible des indicateurs qui sont explicites (par exemple un nombre de personnes impliquée dans des commissions plutôt qu’un « score d’implication » agrégeant plusieurs paramètres) pour faciliter la lisibilité.

Être mesuré sur une année pour être suivi d’année en année

L’année d’exercice est la période de mesure pour tous les indicateurs. Cela nous permet d’avoir une meilleure lisibilité et de faciliter le suivi de l’évolution des indicateurs. Pour les indicateurs qui varient substantiellement d’une année sur l’autre, comme par exemple le nombre de salariés ayant reçu une formation, nous choisissons de garder la période annuelle quitte à inclure une note explicative décrivant l’évolution sur de plus longues périodes.

Utilisé par d’autres lorsque cela fait sens

Lorsqu’un indicateur est utilisé en-dehors d’Alma, par exemple le taux de R&D ou l’index d’égalité professionnelle, nous l’utilisons pour permettre une comparaison plus facile avec d’autres entreprises. Nous décidons tout de même de ne pas utiliser certaines définitions canoniques, comme le turnover – qui peut être élevé s’il y a de nombreuses créations de postes sans départ – pour lui préférer un indicateur de départs qui nous parait faire plus sens pour mesurer le bien-être au travail.

Et alors, qu’est-ce que nous pensons du résultat ?

En plus d’être passionnante à établir, cette liste d’une trentaine d’indicateurs rend bien compte de ce qui nous tient à cœur ! Elle n’est pas parfaite : la pertinence de plusieurs indicateurs est discutable, certains aspects sont insuffisamment représentés et l’obligation de rassembler toute une dimension en un chiffre a ses limites et nécessite des explications.

Nous réalisons également que si nous obtenons de très bons résultats sur la grande majorité des indicateurs, c’est peut-être que nous avons été guidés par nos points forts en définissant ces indicateurs. Cela nous incite à réfléchir à de nouveaux indicateurs particulièrement là où nous voulons nous améliorer. C’est dans ce même but que nous souhaitons associer aux indicateurs des objectifs d’amélioration annuels.

Une contribution à une réflexion plus globale

En mettant en place ces indicateurs, nous voulons aussi contribuer, à notre mesure, à ce que les indicateurs utilisés pour mesurer la performance des entreprises ne se limitent plus à l’aspect économique ou financier. Cela s’inscrit dans la réflexion de la Confédération Générale des Scop sur les indicateurs de performance en lien avec la notion de citoyenneté économique. Nous avons d’ailleurs participé à l’étude de la CGScop sur le sujet (voir Participer n°677 pages 20-21). Nous espérons que cela puisse amener un référentiel, une manière de polliniser toute l’économie et d’affirmer l’ambition sociétale et environnementale du mouvement coopératif.

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Une réponse

  1. Merci beaucoup pour ce nouveau partage d’expérience, c’est très intéressant de voir comment vous vous organisez pour réfléchir collectivement. Il semble que l’utilisation des indicateurs soit nécessaire (elle permet entre autres de voir les évolutions), même si elle a ses limites, vous en parlez très bien dans votre conclusion. C’est en tout cas très positif de voir ce travail d' »investigation » en interne, qui fait partie de ces moments où on lève la tête du guidon.

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